4.3.  Effets du dopage au bore sur la cristallisation

Afin d’étudier les effets éventuels du dopage sur la cinétique de cristallisation, la conductivité des couches a été mesurée pendant le recuit selon la méthode décrite dans l’annexe  A.2.

Dans le cas du dopage avec l’arsenic, la cinétique de cristallisation n’est pas affectée par le dopage pour toutes les températures de recuit comprises entre 570  et 630 .

Le dopage avec le bore par contre, accélère fortement la cristallisation. Les courbes de suivi de conductance (figure  4.5)


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FIG. 4.5: Conductivité électrique des couches de la série B1 en fonction du temps de recuit à 570 . Les chiffres à coté des courbes indiquent les débits du mélange diborane/hydrogène en sccm utilisés pour le dépôt. Une courbe de la série B2 est tracée également, afin de montrer son temps de nucléation plus élevé.

nous montrent une diminution considérable de tn et tf - tn —définis selon la figure  3.7 sur la page  109— quand le flux de diborane, et ainsi CB, augmente. Avec les épaisseurs d des couches on obtient selon l’équation  3.5 les vitesses de cristallisation V c. Elles sont présentées sur la figure  4.6
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FIG. 4.6: Vitesse de cristallisation V c et son énergie d’activation Ea pour la série B1.

pour une température de recuit de 570 . Nous constatons que V c augmente fortement avec l’apport du bore. C’est pourquoi, contrairement au cas du silicium non dopé, où la variation de V c en fonction des paramètres de dépôt est assez faible, nous ne pouvons plus associer tn avec le taux de nucléation : la diminution de tn avec le flux de diborane peut être entraînée non seulement par une densité de germes initiale plus grande mais aussi par une coalescence des grains plus rapide grâce à un V c plus élevé. Les mêmes mesures, effectuées également à 600  et à 630 , nous ont permis d’obtenir les énergies d’activation Ea de la vitesse de cristallisation V c, qui ont été défini précédemment selon l’équation  3.6 sur la page  123. La figure  4.6 montre la variation de Ea et V c avec GB. Cette exaltation de la vitesse de cristallisation par le bore et la diminution de son énergie d’activation ont été déjà observée par MOHAMMED-BRAHIM et al. au GMV pour les dépôts LPCVD [88]. Leur explication de ce phénomène est basée sur une modélisation de l’interface amorphe/cristalline, qui a été confirmée par une simulation numérique : le réarrangement des atomes pendant le processus de cristallisation étant fortement lié à la présence de liaisons pendantes chargées, une partie de l’énergie d’activation est due à la migration des ces liaisons pendantes et une autre partie à leur formation. Cette deuxième partie dépend du niveau de FERMI EF à l’interface. EF est établi selon le niveau de dopage dans la phase cristalline. Comme nous allons voir sur la page  224, ce niveau de dopage dépend fortement de la densité de pièges des porteurs dans le matériau : à partir d’une certaine valeur critique de CB, le dopage devient efficace. Ceci peut expliquer le seuil, que l’on observe sur la figure  4.6 pour GB  ~~ 10-4 correspondant à CB  ~~ 3 × 1018 cm-3.